L’Artefact – Lazare en guerre T.1

Temps de lecture

7 minutes

Le premier livre d’une série par

Un petit space-opera pas trop prise de tête, avec son lot d’exotisme et peut-être un petit concept innovant, voilà ce que je me disais à propos de “L’Artefact” avant de m’engager dans la lecture de ce premier volume d’une trilogie de Jamie Sawyer. Et force est de constater que, dans le genre distrayant et engageant, je me suis laissé captiver plutôt facilement par ce livre bourré d’action. Un récit bien mené, bien écrit et qui ne m’a pas demandé trop d’efforts pour comprendre ce qui s’y passait (*). “L’Artefact” est un roman de SF militaire, au ton hollywoodien assumé, avec des héros qui combattent de méchants aliens sur des planètes éloignées et inhospitalières.

(*) Entendez par là qu’il ne faut pas un master en physique quantique pour le lire !

Il y est en gros question de guerre entre les humains, un peu, et de guerre contre des aliens, beaucoup. Il y est aussi question de guerre d’aliens contre des aliens, peut-être, même si pour le coup ce sujet devrait être davantage développé dans les suites de ce premier tome. Autre détail significatif, les héros de cette histoire, des soldats d’élite, sont diablement badass. Et pour cause : ils se moquent bien de mourir. Comme leur chef, le narrateur, qu’on appelle Lazare puisqu’il a plus d’une centaine d’incarnations à son actif.

Ceci est mon corps

Harris, celui qu’on a fini par surnommer Lazare, est le capitaine d’une escouade de Simulants, la trouvaille technologique de l’Alliance dans son conflit interstellaire contre les Krells. Si les Simulants ne craignent pas de mourir, le plus souvent horriblement, c’est qu’ils ne sont que des clones (*). Pilotés, incarnés plutôt, à distance par des soldats bien entraînés, bien à l’abri des dangers de la ligne de front. Chaque Sim est une version améliorée de son opérateur, plus grand, plus fort, plus rapide et sacrifiable à volonté. Blindés d’armes, et blindés tout court, cinq Sims valent largement cent humains au niveau tactique.

(*) Des corps cultivés à partir d’un matériel génétique commun, plutôt. Le narrateur, étant un troufion, ne s’attarde pas trop sur les détails scientifiques.

Et face au problème Krells, c’est tout à fait adapté. Car l’armée de l’ennemi est elle aussi composée de combattants ne craignant pas la mort. Réagissant un peu à la façon des fourmis, ces monstres, souvent plus grands qu’un humain, n’hésitent pas une seconde à se sacrifier pour tuer. Fonctionnant comme un esprit de ruche, une escouade de “poiscailles” réagit avec un ensemble mortel à toute présence humaine. Une espèce alien entièrement vouée à la confrontation, et qui en plus a détourné sa propre biologie pour en faire une technologie de pointe. Tout chez les Krells est d’origine biologique : leurs armes, leurs armures, et même leurs vaisseaux spatiaux ! De plus, rien chez les Krells n’indique la moindre envie de dialogue : leur impératif biologique semble être la domination territoriale (*). Et au vu de l’espace énorme que leur civilisation a conquis, le Maelstrom, un amas d’étoiles si dense que les vaisseaux de l’Alliance y sont presque incapables de naviguer, on dira que jusqu’ici ils ont rencontré un certain succès.

(*) Un peu comme les Primes de la série “l’Étoile de Pandore” d’Hamilton.

L’Artefact…

C’est justement à la périphérie du Maelstrom que se trouve la planète Helios, un chaos de rochers et de désert sur lequel se dresse l’Artefact (*). Lequel semble attirer les Krells par milliers, comme dans une sorte de pèlerinage incompréhensible, grâce à un signal mystérieux, mais indéniablement intéressant pour l’effort de guerre humain. Une mission de l’Alliance composée de scientifiques et de portes-flingues s’y est déjà installée dans une base discrète. Mais depuis quelques mois, cette dernière ne donne plus signe de vie. Et c’est pour enquêter sur cet inquiétant silence qu’il est décidé d’y envoyer l’équipe de Lazare.

(*) Disons-le tout de suite, c’est grand, d’origine inconnue, artificiel et… voilà ! Sawyer ne s’embarrasse pas trop avec les descriptions…

Contrainte logistique : Helios est si loin qu’il faut y envoyer l’équipe en chair et en os, accompagnée d’une demi-douzaine de Sims pour chacun de ses membres. Les opérateurs seront chargés de les piloter au sol depuis un vaisseau resté en orbite. Problème : à peine arrivés les humains sont pris pour cible, leur vaisseau totalement détruit par l’ennemi. Une catastrophe dont seuls réchappent les membres de la brigade de Lazare, qui parviennent à se poser sur cette étrange planète (*) ! Et en moins de temps qu’il ne faut pour l’écrire, les voilà secourus par ceux qu’ils venaient sauver, les membres de la mission scientifique ! Ramenés à la base et présentés à Kellerman, le directeur de la station, ils vont rapidement s’apercevoir que la situation est encore pire qu’ils ne l’imaginaient.

(*) À partir de là, comme le récit est narré à la première personne, on ne s’étonnera plus que Lazare ait survécu !

… rend fou !

Le signal qu’émet l’Artefact attire bien les Krells mais, surprise, il semble que certains humains finissent par l’entendre aussi. Et par devenir fous. C’est ainsi que plus d’une centaine de collaborateurs semblent avoir choisi de se suicider. S’évitant ainsi de mourir dans l’une des nombreuses tentatives (*) de Kellerman d’envoyer des missions au plus près de l’Artefact, autour duquel grouillent littéralement les Krells ! Pour Lazare, qui s’est mis à entendre cet étrange son depuis qu’il a posé les pieds sur la planète, c’est bien entendu un sacré sujet d’inquiétude. Mais pas autant que la certitude que le gentil directeur, même s’il ne s’est pas encore suicidé, a lui aussi franchi depuis longtemps les portes de la folie.

(*) Deux mille personnes ont été envoyées sur Helios… il n’en reste que deux-trois dizaines !

Efficacité hollywoodienne

Tel qu’indiqué dans l’introduction, on est ici face à un roman utilisant les meilleurs ressorts des films d’actions et une imagerie science-fictionnelle familière à ceux qui ont vu les films les plus connus du genre. L’intrigue avance ainsi presque sans surprise mais non sans brio, le narrateur, qui s’exprime à la première personne, semblant toujours avoir un autre détail primordial, et jusqu’ici passé sous silence, à livrer. À noter aussi que l’imagination du lecteur pallie souvent aux descriptions lapidaires de l’auteur : des scènes d’Aliens et de Starship Trooper sont ainsi venues se surimprimer dans mon esprit pendant certains passages. Un détail qui a fini par émousser un peu mon plaisir quand j’ai réalisé que j’étais incapable de décrire précisément les Krells (*) ou les paysages déchiquetés d’Helios. Une ombre au tableau, infime mais qui pourrait gêner d’autres lecteurs aussi.

(*) Un mix entre les xénomorphes de Cameron et les arachnides de Verhoeven… Mais gluants. Avec des griffes et des dents !

Cela dit au vu du rythme qu’adopte bien vite l’histoire, et en tenant compte du fait qu’elle est tout entière narrée du point de vue d’un seul protagoniste, Lazare bien trop occupé à survivre pour prendre des notes, on dira que c’est bien normal, et que je chipote un peu.

Au final…

Voilà donc un livre qu’on ne recommandera pas trop aux amis de l’introspection philosophique ni aux puristes d’une science-fiction ancrée dans la science “dure”, mais qui fait très bien le job en matière d’évasion. “L’Artefact” est en effet un modèle dans le genre page-turner ; un texte d’une rare fluidité, haletant, qui plaira sans doute aux aficionados des livres de Peter Hamilton ou de John Scalzi, et qui distraira sans peine les autres. Pour ma part, je dois bien avouer avoir été un peu refroidi par les quelques défauts mineurs que j’ai pointés, et ne pas être sûr, du coup, d’en lire les suites. Tout du moins, pas dans l’immédiat ; mais si vous les avez lues, n’hésitez pas à me convaincre de m’y mettre en me laissant un commentaire !


Fiche JKB

  • Genre : Aliens, le remake/SF Militaire/“Sauver ma femme et l’univers”.
  • Wow Level : 5.5/10. Tout est déjà vu et revu ; ma mâchoire a refusé de se décrocher sous le coup de l’étonnement !
  • Note personnelle : 6.5/10. Distrayant, bien écrit, mais sans plus…
  • 350 pages et des bananes. Vite lues si on se passionne pour l’histoire.
  • Probabilité de relecture : 10%. Même si je m’attaque aux suites, je n’aurais pas besoin de me rafraîchir la mémoire !

Titre original :

Artefact

2015

Couverture :

Pierre Bourgerie

Publié dans les catégories suivantes :

, ,

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.