Jennifer a disparu

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Courte novella humoristique par un auteur brillant tout autant dans les textes longs que courts, qui a été une excellente surprise et une sacrée poilade ! Une aventure rocambolesque que Laurent Genefort a placé dans le décor déjà mis en place dans “Points chauds / Aliens, mode d’emploi”. À savoir, pour les retardataires, notre monde à la fin des années 2010, mais dans lequel ont fait récemment irruption des milliers et des milliers d’aliens, venus de tous les coins de la galaxie, via un réseau de trous de vers individuels. Oui, voilà ! Panique, joie, et ébahissement, et puis plouf ! Le retour au banal quotidien d’une humanité revenue de tout. Les aliens, ne venant pas conquérir notre monde, se sont en fait révélés de simples voyageurs, des immigrants, ce qui les a rendus tout de suite moins excitants (*). Plus ou moins intégrés, ils vivotent désormais au milieu des humains. Comme dans “Men in Black”, mais avec tout le monde au courant, quoi !

(*) Sauf pour les dégénérés qui aiment s’en prendre aux minorités, et qui bien sûr se sont jetés sur une nouvelle occasion d’étaler leur haine. Same, same !

Le pitch, vite fait

G**** a été un auteur de science-fiction, mais ça c’était avant l’arrivée des aliens. Ces derniers ont mis un sacré coup d’arrêt à sa carrière déjà peu reluisante. La SF quand tu l’as sous le nez, tu l’achètes pas en livre de poche. Puisqu’il ne savait rien faire de ses dix doigts, c’est lui qui le dit,il s’est reconverti en détective privé à la petite semaine. 20 euros par jour, frais compris ! Et, puisqu’il a quand même une certaine expérience théorique en la matière, il a cru malin d’ajouter “spécialisé en affaires extra-terrestres” sur la plaque de la porte de son bureau. Ce qui lui vaut un matin, la visite d’un Totoro (*). Enfin, d’une arshule, une de ces énièmes espèces d’aliens arrivées sur Terre pour être précis, nommée Patou. Oui, pas terrible comme nom. Et pas mieux pour son compagnon, Jennifer, un arshule lui aussi. Comme le dit G****, les extra-terrestres ont essayé de s’intégrer au mieux en tentant d’adopter des noms humains, mais c’est souvent raté. Oui, et puis là en plus, l’arshule est un mâle. Du coup, le lecteur se sent floué : où est donc l’héroïne, pulpeuse, qu’il s’agit de sauver ?

(*) J’imagine très bien un lecteur arrivant là, et se demandant “C’est quoi un Totoro ?”. Je suis maudit. Mais au cas où ce lecteur existerait, voilà !

J’ai promis un pitch vite fait : Jennifer n’est pas rentré de son expédition au kebab du coin, le “Gai mésopotamien”, il y a de ça plusieurs jours et bien entendu Patou s’inquiète. Tout semble indiquer que Jennifer a été enlevé. Et comme les affaires sont rares, G**** n’hésite pas longtemps avant d’accepter celle-ci. Notre héros, modeste, se lance sur la piste fraîche du disparu, accompagné de Patou et de Tony, un alien devenu l’ami de G**** et qui ne se distingue que par trois détails : il est humanoïde, il répand une odeur immonde rappelant l’œuf pourri et c’est un excellent danseur de flamenco.

Aliens et culottés (*)

La piste pour retrouver Jennifer va bien sûr les conduire à l’autre bout de la galaxie… euh, non, à Amiens, tout compte fait ! Un voyage qu’on aura de la peine à qualifier de périlleux, mais qui n’a pourtant rien de facile lorsqu’on est sans le sou et sans permis de conduire. La petite équipe devra donc recourir aux capacités exceptionnelles de chacun afin d’avancer dans leur aventure. C’est fou comme savoir danser le flamenco peut vous rendre service dans certaines situations !

(*) Vous avez la réf’ ?

Amiens ne sera que la première étape de cette aventure “au ralenti”, au cours de laquelle notre joyeuse équipe se verra bientôt rejointe par Coup-de-Foudre. Un alien insectoïde dont les atouts physiques, des membres se terminant par des pinces mastoc, auront l’avantage de rendre très coopératifs les différents acteurs et témoins de l’enlèvement de Jennifer que l’équipe rencontrera dans son périple.

Au final…

On ne va pas dire que cette longue nouvelle n’est qu’un prétexte pour Laurent Genefort lui permettant de se moquer de tout et de tout le monde, à commencer par lui-même, mais on va quand même fortement le laisser sous-entendre ! C’est truculent (*), déconnant, absurde et ça se lit sans même y penser. Pour peu qu’on soit dans de bonnes dispositions et qu’on connaisse un peu la SF, c’est une heure de déconnade érudite, satirique et sans trop de méchancetés.

(*) Ça veut dire que c’est drôle et fin… je crois.

Bref, recommandé pour qui aime la SF et l’humour un peu british, dans un genre et des personnages rappelant ceux de Black Books ou Spaced.


Fiche JKB

  • Genre : Pastiche/Enquête/Voyage
  • Wow Level : 5/10. Voilà, la moyenne. Y’a rien de fifou là-dedans.
  • Note personnelle : 6.5/10. Note un peu gonflée, mais Genefort est mon chouchou !
  • Un peu plus de 100 pages. Vite lu. Un après-midi à la plage, même pas !
  • Probabilité de relecture : 100%. Un jour viendra où j’aurais envie de rire…

Titre original :

Jennifer a disparu

2016

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