
Le premier/septième tome d’une série par
Pendant des années, j’ai croisé les couvertures de cette saga au hasard de mes errances en librairie, sans jamais en lire les quatrièmes de couverture. C’était pour moi une énième série d’heroic-fantasy, bien trop populaire (*) pour être honnête, et qui bien sûr s’étirait sur plus de dix tomes ! Découvrant qu’une autre chroniqueuse de SFFF s’était plongée dans ce cycle, j’ai vite réalisé en lisant ses critiques que je m’étais trompé dans mon classement. Car s’il y a effectivement des dragons, des chevaliers et des princesses sur Pern, c’est un monde où l’on ne croise ni la magie ni le surnaturel !
(*) Pour paraphraser N. Spinrad, un de ces cycles qui commencent par un bon livre et se transforment en série insipide sous l’action d’éditeurs peu scrupuleux, plus intéressés par l’argent que peut rapporter une longue série que par la qualité de celle-ci !
L’action du cycle de Pern se déroule sur la planète du même nom, colonisée par des humains il y a si longtemps que leur origine et même leur arrivée se sont perdues dans les légendes. La colonie s’est installée et une nouvelle société s’est bâtie, entièrement tournée vers la survie. Car habiter sur Pern comporte des risques, ce monde croisant régulièrement l’orbite d’une autre planète de laquelle s’envolent des filaments argentés, les Fils, une forme de vie peu évoluée mais mortelle. Et c’est pour combattre cette menace que les humains ont fini par s’allier à une espèce locale, intelligente et télépathe, sorte de lézards ailés qu’il a été facile de nommer des “dragons” (*).
(*) Ils volent, ils ont des écailles et des museaux remplis de dents. Vouloir les appeler crocodiles-volants aurait été assez con…
En quête d’une reine
Avec “Le Vol du Dragon”, Anne McCaffrey, s’amuse à brouiller les pistes au début, en jouant habilement avec les codes de l’heroic-fantasy. Tout d’abord en introduisant la jeune Lessa, héritière de la forteresse de Ruatha mais qui se cache de l’usurpateur ayant tué sa famille en s’y faisant passer pour une servante. Puis en nous présentant F’lar, un fier chevalier-dragon qui s’est mis en tête de trouver une nouvelle reine pour son “weyr”, une forteresse dédiée aux dragons, espérant ainsi en restaurer la force passée. Et comme de juste, l’autrice nous laisse assez vite (*) entrevoir que ces deux-là auront bientôt le destin de Pern entre leurs mains. Un destin pas difficile à prévoir, le retour régulier des Fils étant la seule chose dont les gens se souviennent, et la raison même de la structure féodale de cette société où les fiefs, comme Ruatha, et leurs paysans vivent et travaillent pour entretenir les weyrs, leurs dragons et leurs chevaliers. Mais voilà, le temps a passé et seul subsiste aujourd’hui Benden, le dernier weyr où seuls les chevaliers-dragons s’alarment des présages annonçant le retour des Fils.
(*) Le livre est divisé en deux parties, à l’origine deux nouvelles. La narration ne prend donc pas de détours, et s’intéresse évidemment à ceux qui vont devenir les héros de cette histoire.
Car Pern, telle que nous est présentée, est en bien piètre état ! Les fiefs ne livrent plus les vivres dues au weyr et on murmure dans le dos des derniers chevaliers-dragons : à quoi servent-ils et qui a jamais vu ces fameux Fils, d’ailleurs ? Une question à la réponse bien simple : personne depuis des siècles ! Ce qui est précisément le grand problème de Pern : la catastrophe est en route, mais il risque de n’y avoir personne en état d’y faire face, puisque le peuple et les seigneurs des forts n’y croient quasiment plus !
Science… fiction !
Si personne n’y croit plus, c’est qu’au dernier passage des Fils, il y a quatre siècles, on comptait encore de nombreux weyrs, des milliers de chevaliers-dragons et autant de leurs montures. La société n’avait pas encore connu son délitement présent, les anciens textes étaient compris de tous et les présages actuels n’étaient que de simples observations astronomiques ! Sur ce point, j’avoue avoir été impressionné (*) par cette exploration du thème du temps qui efface et brouille les souvenirs. Cette idée d’une civilisation dont la mémoire s’effrite et dont le savoir scientifique s’est transformé en légendes m’a, pour tout dire, fasciné !
(*) Impressionné et terrifié, pour dire la vérité. Je n’ose imaginer les croyances fausses que nous lèguerons aux générations futures !
J’ai également été épaté par toutes les détails que McCaffrey a accolés ensemble pour créer sa planète Pern. Si les dragons peuvent cracher du feu, c’est que les chevaliers se chargent de leur bourrer la gueule d’un minéral spécifique. En plein vol. Épique ! Et si ces petites bêtes sont si efficaces dans les combats aériens contre les Fils, c’est qu’en plus de voler, ils sont également capables de se téléporter (*), sur de petites comme sur de très longues distances ! Mieux que le modèle terrien ! Et même si l’autrice n’approfondit qu’assez peu la nature des Fils, elle parvient tout de même, par l’accumulation des pouvoirs malfaisants que la tradition leur prête, à en brosser une image des plus inquiétantes, ce que j’ai trouvé très réussi.
(*) Une marque des années 60–70 en SF. La téléportation, tout comme la télépathie, faisait partie des promesses du futur ou de l’ailleurs.
Modeste mais… explosif !
C’est donc un texte plus qu’honnête, avec une mise en situation habile, des découvertes qui viennent peu à peu et maintiennent l’intérêt pour l’histoire. Les personnages centraux, quoiqu’un peu cliché, se révèlent suffisamment travaillés pour ne pas ennuyer le lecteur. Bref, avant d’aborder les chapitres finaux, j’avais décidé de classer cette œuvre dans le “pas mal, en fait !”. Mais le dernier quart du livre est finalement arrivé, et j’avoue alors avoir été soufflé par le culot et l’imagination d’Anne McCaffrey ! Parce que bon, c’est peut-être pas l’idée la plus dingue (*) de l’histoire de la science-fiction, son idée à la dame, mais dans ce contexte : quel renversement, quel à‑propos… quelle claque !
(*) Tu trouveras facilement plein d’autres chroniques qui te spoileront ce détail, ami lecteur, mais ne compte pas sur moi pour te gâcher ce plaisir : je n’en dirai rien !
Au final…
Recommandable ? Et comment ! En tous cas, pour moi, pas de doute, je vais gentiment continuer ce cycle. Ce n’est peut-être pas l’œuvre qui changera ma vie, mais j’ai passé un bon moment sur Pern et je me sens prêt à y retourner un jour.
Enfin, merci à toi, FeyGirl, toi et ta plume légère, grâce à qui j’ai pris le temps de m’arrêter sur un classique de la science-fiction que j’avais décidé d’ignorer !
Fiche JKB
Traduction : Simone Hilling
Titre original :
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Couverture :
3 réponses à “Le vol du dragon – La saga de Pern T. 1”
Hello, je suis ravie de t’avoir incité à découvrir cet univers.
Je te souhaite une bonne lecture pour la suite 😉
Tente celui-ci si tu as le courage. Pour moi le meilleure de la Saga.
https://fr.wikipedia.org/wiki/L%27Aube_des_dragons
J’ai le cycle dans le viseur. Je vais le lire dans l’ordre de parution 😉