Le Testament d’Erich Zann

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5 minutes

Par Brian Stableford

Ce livre présente deux textes mettant en scène le chevalier Auguste Dupin, ce détective privé français qui apparut pour la première fois sous la plume d’Edgar Allan Poe dans le conte “Double Assassinat dans la rue Morgue”. La première novella, “Le Testament d’Erich Zann”, a été publié en anglais par Brian Stableford une année après “La fille de Valdemar” que l’éditeur a choisi de présenter en second. Sans doute dans l’espoir d’attirer l’attention des amateurs d’H.P. Lovecraft qui, comme moi, auraient noté le nom d’Erich Zann, le malheureux protagoniste d’une nouvelle fantastique(*) écrite par ce dernier !

(*) “La musique d’Erich Zann”, l’un des textes préférés d’HPL. Une nouvelle “juste” fantastique sans rapport avec le “Mythe de Cthulhu” !

Au menu, donc, deux enquêtes policières flirtant plus ou moins avec le fantastique et le surnaturel et toutes les deux dans le décor du Paris des années 1840 ! Et un auteur qui tentent le pari de la double référence littéraire et de la distraction. N’ayant jamais été un grand lecteur de Poe, je me suis juste permis deux articles wikipedia à propos de Dupin avant d’entamer ce livre, ce qui m’a permis de me familiariser avec ce personnage que j’ai trouvé assez proche de Sherlock Holmes !

Erich Zann revient, et il n’est pas content !

“Le Testament d’Erich Zann” : Où l’on apprend que le Zann, qui décédait(*) dans la nouvelle éponyme, avait laissé un double héritage derrière lui et que l’un de ses légataires n’était autre que Dupin lui-même ! Quinze ans plus tard, mis au courant par le préfet de Paris en personne que le notaire qui avait enregistré ledit testament vient d’être retrouvé assassiné à son domicile, il faut peu de temps au détective pour réaliser que lui et l’autre légataire de Zann sont en danger ! Un second héritier qui, pour sa part, avait reçu en legs le violon du virtuose et qui se trouve jouer dans un théâtre de la capitale. S’ensuit une enquête aux airs de course contre la montre, l’assassin semblant prêt à tout pour mettre la main sur ce violon et sur la mystérieuse lettre reçue en guise d’héritage par Dupin.

(*) Violoniste virtuose et sans doute occultiste amateur, on le voyait continuer à jouer de son instrument, alors même qu’il venait de mourir !

Surnaturel et fantastique sont donc bien au rendez-vous de cette nouvelle, puisque Brian Stableford offre au lecteur une enquête policière traditionnelle, menée par un esprit rationnel et scientifique, mais dont le fin mot lorgne clairement vers le surnaturel le plus gothique qui soit !

Sympathique sans être transcendant, ce récit m’a tout de même tenu en haleine grâce à la personnalité de Dupin et à la manière dont son ami, le narrateur, nous glisse ses avis et ses commentaires dans le feu de l’action. Bonus : les connaisseurs de Lovecraft découvriront une nouvelle connexion entre certaines dimensions parallèles à la notre et la musique.

Suivez mon doigt et comptez jusqu’à 3…

“La Fille de Valdemar” : un texte ambitieux au niveau littéraire puisque Stableford fait intervenir ici Dupin dans les suites d’un conte, “La Vérité sur le cas de M. Valdemar”, dans lequel E.A. Poe ne l’évoquait pas-du-tout ! Un court texte horrifico-scientifique de moins de 4000 mots(*) dans lequel le dénommé Valdemar tentait d’échapper à sa mort prochaine en recourant à une sorte d’hypnose très profonde. Et qui y parvenait pendant quelques mois, avant de sortir accidentellement de sa transe !

(*) À lire en ligne gratuitement ici !

C’est cette fois sur le narrateur des aventures de Dupin, son ami anonyme, qu’une nouvelle tombe à l’improviste. Une femme lui apprend en effet qu’un paquet expédié des Amériques devrait bientôt lui parvenir, apporté des mains mêmes de l’un des expérimentateurs ayant aidé Valdemar dans son expérience aux frontières de l’au-delà. Le porteur du colis semblant s’être mystérieusement perdu lors de son voyage, les deux protagonistes s’embarquent alors dans une enquête dans laquelle on croisera un homme se présentant comme le Comte de Saint-Germain, la fille de Valdemar et monsieur Honoré de Balzac, tous très intéressés par le possible élixir magique que contiendrait le paquet.

Dénouement théâtral, pièges, déductions et des doses massives de discours sur l’hypnose, le mesmérisme et le magnétisme animal(*), l’auteur choisit avec ce texte de nous immerger dans le monde des hypnotiseurs, des expérimentateurs du surnaturel et des escrocs du paranormal. Au niveau de l’enquête, c’est à mes yeux très réussi, mais en ce qui concerne le côté fantastique, on en restera a l’évocation de quelques trucs “que la science ne sait pas expliquer”.

(*) À cette époque ce terme fait référence à une certaine croyance concernant l’hypnose.

Au final…

Faciles à lire, distrayants et mettant en scène un héros aussi sympathique que l’est Sherlock Holmes(*), deux textes que j’ai bien aimés lire, mais que j’ai trouvés un peu légers en matière de fantastique. On peut donc le recommander à un lecteur aimant Poe, Doyle ou Christie et qui aime bien qu’on rajoute à des enquêtes un soupçon de fantastique.

(*) Un type chiant, guindé avec des airs supérieurs qui prend les autres pour des imbéciles et qu’on ne peut s’empêcher d’adorer pour ces raisons !

Au lecteur avide de textes faisant référence à Lovecraft, on précisera qu’on est vraiment dans l’hommage léger-léger(*) et dans le premier texte seulement, qui se révèle en fait moins passionnant que le second.

(*) Mais c’est de mille fois meilleure facture que l’horrible série de livres mettant en scène Holmes se battant contre des tentacules.


Fiche JKB

  • Genre : Enquêtes policières gothiques. Hommages.
  • Wow Level : 3/10. Dupin. Lovecraft. C’est tout.
  • Note personnelle : 5/10. C’est distrayant, mais on est loin de l’indispensable !
  • Lu en deux soirées, chaque texte comptant à peine plus d’une centaine de pages.
  • Probabilité de relecture : 1/10 Pas que ce soit nul, mais bon !

Titre original :

The Legacy of Erich Zann / Valdemar’s Daughter : A Romance of Mesmerism

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