Un recueil de nouvelles par
Trois courtes nouvelles, dont une que j’avais déjà lue, réunies dans un recueil rendant hommage à David Bowie(*), avec on s’en doute un thème commun : l’Indonésie… Ou les USA ? Non, les USA, définitivement ! L’Amérique, entre mythes et réalités, dans trois textes aux tonalités différentes mais qui portent clairement la signature de Thomas Day : crus, sans concessions et capables de capter très vite l’attention du lecteur, qu’il aime d’ailleurs bien secouer un peu.
(*) J’avoue, une référence qui m’avait échappé, et que je n’ai découverte qu’au moment d’écrire cette chronique, ignorant que j’étais !
De cet auteur, je connaissais déjà le recueil “Sept secondes pour devenir un aigle”, ainsi que son roman, violent et brutal, “Le Trône d’ébène”, et je m’attendais donc à du sérieux, à du viscéral, mais aussi à une prose riche et précise. Et pour tout vous dire, je n’ai pas été déçu. Résumés et avis rapides.
Cette année-là, l’hiver commença le 22 novembre
Une intrigue directement en prise avec l’Amérique, ses mythes et icônes historiques, puisqu’il s’agit ici de revisiter l’attentat mortel ayant visé Kennedy à Dallas en cette fameuse date. Il existe un nombre assez fou de théories plus ou moins fumeuses sur le rôle de Lee Harvey Oswald dans cette tragédie. Ici c’est bien la théorie d’un complot venu de l’intérieur qui est retenue, mais qui se voit agrémenté d’un ressort science-fictionnel qui fonctionne parfaitement dans ce contexte. Au niveau narratif, après une introduction un peu obscure, on se retrouve jeté efficacement au cœur de l’action, sans bavardages inutiles. Les explications nécessaires à une compréhension finissent par arriver naturellement plus tard. La conclusion de la nouvelle nous éclaire sur son introduction, le tout permettant de conclure sur une sorte de chute.
Texte très sympa, sans être mirobolant.
Note personnelle : 6/10
American drug trip
Se retrouver au bord du monde, littéralement comme si la Terre était vraiment plate, à discuter avec un ours ayant comme intention de vous bouffer à la fin de la causerie, voilà ce qu’on appelle une situation pas facile. Comment Pinagio, marchand d’occasion de la banlieue de Los Angeles, s’est-il donc débrouillé pour se retrouver en si mauvaise posture ? Voilà tout le propos de cette nouvelle totalement hallucinée et à mourir de rire(*). Ici la science-fiction frôle la fantaisie et permet surtout une escapade dans des États-Unis déjantés, dans lesquelles Roberto de Niro est le héros de la série à succès “Deux Flics à Geminiano” ! Thomas Day se lâche dans ce texte, et j’ai trouvé ça fun !
(*) Enfin, si on a le même genre de goûts que moi dans cette matière…
Absurde et très marrant. Attention, langage ordurier et scènes scabreuses à toutes les lignes !
Note personnelle : 7.5/10
Éloges du sacrifice
Sans doute la nouvelle à la plus forte composante science-fictive du recueil, et qui est assez glaçante dans son genre. Il s’agit d’un huis-clos prenant place dans Air Force One, et dont l’enjeu est la collaboration, un poil forcée et un peu ferme il faut bien le dire, du président des États-Unis avec des envahisseurs extraterrestres. Qui, tiens d’ailleurs, semblent le tenir en joue ! En parallèle de cette confrontation, l’auteur nous fait parcourir, en de courts chapitres, quelques moments clefs de l’histoire de l’humanité. Les premiers paragraphes sont ainsi l’occasion d’un petit voyage dans la jungle préhistorique en compagnie d’une tribu de néandertaliens, avant que les enjeux de la situation ne nous soient exposés(*).
(*) Et là, vous vous dites. “Eh, mais il vient de nous spoiler !” Oui, un peu. Mais pas plus les résumés officiels, hein !? Ne vous fâchez pas…
Excellent texte, mais qui aurait mérité une exploitation sur une trentaine de pages de plus à mon avis, il y est effectivement question de sacrifices. Âmes sensibles s’abstenir donc, car l’auteur est fort habile quand il s’agit de dépeindre des scènes violentes, criantes de réalisme.
Une chute un peu ramassée et un message en niveaux de gris, à mes yeux, qui font rater à ce texte une bien meilleure note.
Note personnelle : 7/10
Au final…
Un recueil de nouvelles de bon niveau, tout à fait abordables donc ! Mais pas écrites à destination des fans de “romantasy” qui veulent lire des textes bienveillants remplis de moments “choupis”. Ce n’est pas le genre de la maison ! Ici, ça castagne, ça saigne, ça baise et le tout, s’il-vous-plait, sans la moindre concession dans le style ! Car quitte à malmener le lecteur, autant le faire avec élégance et classe : Thomas Day maîtrise parfaitement son écriture et sait ciseler ses phrases comme personne. Bref, trois nouvelles coup-de-poing, d’un auteur doué, qui m’ont fait passer un bon moment. Recommandé.
Fiche JKB
Titre original :
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2 réponses à “This is not America”
Dans mon lointain souvenir, c’était un très bon recueil, avec des phrases percutantes et une nouvelle encore au-dessus des autres. J’imagine que c’était la deuxième. ^^
Oui, c’est percutant, l’écriture de Thomas Day, c’est quelque chose.
À part ça, c’est peut-être la dernière que vous trouviez au-dessus des autres 😉 elle est ‘ach’ment bien !
PS : merci Baroona, pour la constance de vos “likes”, ça me fait toujours chaud au cœur !