Le second livre d’une série par
J’avais adoré les aventures de Belisarius Arjuna, son arnaque spatiale et son équipe de bras-cassés géniaux ! Intelligent, démesuré mais crédible, prenant et très drôle, “Le Magicien quantique” m’avait totalement emballé ! Je craignais donc que la suite soit d’un moins bon niveau, mais fort heureusement et comme on dit chez moi, j’ai été déçu en bien(*) ! “Le jardin quantique” pousse les curseurs encore plus loin que son prédécesseur, se révèle encore plus prenant et s’empare d’un des thèmes les plus connus et les plus explorés de la SF, le voyage dans le temps !
(*) La Suisse romande et ses locutions ! Un trésor de la francophonie !
Vous ne trouverez donc dans cette chronique aucune mention d’un point ou d’un détail de ce livre qui m’aurait désappointé, car même s’il y en a peut-être un ou deux, ils s’effacent devant la qualité de l’histoire que Derek Künsken nous offre ici ! Tout ce qui manque à ce livre pour obtenir un 10/10, c’est qu’il faut avoir lu le premier de la série, et être quand même un peu amateur du genre Hard-SF.
Spoilers – Contexte
“Le voyage dans le temps” : si vous n’avez pas déjà lu “Le Magicien quantique”, désolé pour ce spoiler ! Pour rappel, Belisarius se voyait recruté par l’Union Subsaharienne pour faire passer via un trou de vers, et au nez et à la barbe de la Congrégation, une série de vaisseaux spatiaux à la technologie très en avance sur son temps ! L’Union Subsaharienne. Une micro-nation vassale de ladite Congrégation, quasi-réduite à une flotte d’exploration qu’on avait présumé perdue, mais qui avait eu la chance de mettre la main sur un trou de vers quantico-temporel(*). De quoi faire de gros progrès en astrophysique appliquée. Et le genre de technologie qu’on ne s’empresse pas de partager avec ceux qui vous tiennent en laisse, en l’occurrence ladite Congrégation. Un empire très versé dans l’emprise sur les autres. Pour le pognon.
(*) Je brosse le tableau à gros trait, hein !? Il traine quelques trous de vers dans cet avenir, et si on sait les utiliser pour relier certains systèmes, on ne sait pas d’où ils viennent ni comment ils fonctionnent. Du coup, voilà, des fois y’en a qui jouent aussi avec le temps.
Prenant tout le monde par surprise, Belisarius s’enfuyait à la fin du roman avec sa bien-aimée Cassie, sans oublier de subtiliser au passage quelques vaisseaux et le trou de vers temporel à la pauvre Union Subsaharienne. On pourrait presque parler d’un tour de passe-passe parfait, n’était le terrible émissaire(*) de la Congrégation qui finissait tout de même par découvrir la responsabilité de Belisarius dans l’affaire. Cet émissaire décidant en guise de rétorsion de s’en prendre à la planète d’origine du sieur Arjuna, on retrouve celui-ci au début du “jardin quantique”, obligé de quémander l’aide de l’USS. Oui, ceux qu’il a arnaqués !
(*) L’Épouvantail. Un cyborg impitoyable aussi aimable qu’une chaise électrique !
No spoiler ? Impossible !
“-Nous n’avons pas été surpris par votre trahison, Monsieur Arjuna. En fait, nous l’espérions même, car voyez-vous, c’est vous-même qui nous l’aviez annoncée !” C’est avec ces paroles pas tout à fait attendues que Kudzanai Rudo, la cheffe de l’USS, accueille notre héros(*). Lequel, on s’en doute, s’en décroche la mâchoire de surprise, un peu comme le lecteur d’ailleurs. Mais que voulez-vous ? À trop vouloir jouer avec les trucs quantiques et temporels, ce genre de choses ça finit bien évidemment par arriver, et on se retrouve embarqué dans une histoire de voyage dans le temps !
(*) Je brosse le tableau à gros trait, là encore, hein !? Il faut 150 pages pour qu’on en arrive là ! Non, je ne vous spoile rien, c’est que le résumé du quatrième de couverture !
Voyage dans le temps ; probabilités quantiques ; le devenir et le déterminisme et le fameux danger d’un paradoxe temporel, voilà donc les moteurs de l’intrigue que Künsken nous a mis en place. Belisarius se voit obligé d’utiliser son trou de vers temporel, sur une échelle qu’il n’imaginait pas possible, pour une mission fichtrement possible/impossible, trente-neuf ans dans le passé ! Avec l’obligation de réussir. Tu parles d’un spoiler ! Quoique. Trucs temporels et probabilités quantiques obligent : dès qu’on retourne dans le passé, on met en danger le présent. Ou l’avenir. Ça dépend de quel point de vue on se place. Les voyages dans temps, vous savez… c’est compliqué !
Wow à tous les étages !
Jouer avec les paradoxes temporels, quand c’est bien fait, ça a de quoi remuer les neurones du lecteur, et il faut bien le dire, Derek Künsken livre ici une partition pour mélomane averti. On se triture peu le cerveau sur le comment et les explications scientifiques(*), mais on se retrouve quand même remué par les implications incroyables d’un paradoxe temporel auto-prophétique. Et pas qu’un peu ! Il n’y a pas tant de récits traitant du thème du voyage dans le temps qui m’ont autant impressionné que ce diptyque !
(*) Les explications livrées par l’auteur pour que tout ce bric-à-brac tienne debout sont exposées de manière simple, voilà ce que je veux dire !
Quant à la mission impossible, mais qu’il ne faut pas rater sous peine de mettre en danger l’existence même du livre précédent(*), l’auteur n’a pas manqué là aussi de m’impressionner ! Une mission d’infiltration, dans laquelle on retrouvera au côté de Belisarius la colonel Iekanjika, l’envoyée de l’USS chargée de recruter Belisarius dans le “Le Magicien quantique” et dont la destinée, pour le moins compliquée, m’a complètement scotché au mur ! Oui, car l’auteur ne s’est pas contenté d’exceller sur les aspects science-fictionnels de son intrigue, il réussit aussi à faire de ses protagonistes des personnages touchants, complexes et qui ont réussi à s’attirer ma totale sympathie. Même l’horrible Épouvantail !
(*) Les voyages dans le temps… c’est compliqué ! J’ai l’impression de me répéter…
Au final…
Une suite aussi bonne, voire supérieure au livre précédent, ça ne se boude pas ! On ne garde pas ça pour soi, on veut que tout le monde le lise et on en fait la promotion ! Si vous n’avez pas lu “Le Magicien quantique”, et qu’il vous fallait une bonne raison pour vous lancer(*), vous l’avez ! Et si vous l’avez lu et que vous l’avez aimé, alors je ne peux que vous encourager à vous jeter sur “Le jardin quantique” sans plus attendre !
(*) Vous êtes là !? Rebelle ! Se spoiler pareillement, et même volontairement… J’aime ça !
Encore un dernier doute ? On s’inquiète d’avoir lu un premier tome un peu ardu au niveau Hard-SF ? Il n’y a pas de quoi ! Dans le genre, c’est abordable, surtout si on a lu le premier : vous avez passé le plus dur et vous allez embarquer pour un super chouette voyage !
Fiche JKB
Titre original :
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Couverture :