
Le quatrième tome d’une série par
Cette fiche est ma quatrième chronique sur la série Étoile de Pandore. La lire sans au moins avoir lu les livres ou les fiches précédentes n’a pas grand intérêt… À vous de voir…
Résumé des épisodes précédents : un mystérieux extra-terrestre œuvre en secret(*) pour précipiter les humains dans une guerre intersidérale contre les Primiens, d’autres extra-terrestres très belliqueux. La guerre est entamée, et l’auteur mobilise dans son intrigue beaucoup de personnages qui doivent a) gagner cette guerre b) trouver ce “Judas” et ses agents humains cachés au sein des plus hautes sphères économiques, politiques et médiatiques.
(*) Un plan secret, sauf pour Bradley Cooper, le chef du mouvement des rebelles, qui le crie, dès qu’il en à l’occasion, depuis un siècle.
Depuis trois tomes, l’auteur, tout en prêtant une attention quasi-maladive aux détails, entremêle une ribambelle de sous-intrigues dans un véritable opéra de l’espace et déclenche des rebondissements dignes des grandes productions cinématographiques. Et c’est pareil pour ce quatrième tome !
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Énorme révélation ?
Depuis le premier tome une sous-intrigue, plutôt déconnectée des autres, nous invite à suivre la quête d’Ozzie, le co-inventeur de la technologie des trous de vers sur laquelle repose le Commonwealth, la civilisation humaine de ce XXVè siècle. Celui-ci s’était en effet persuadé que les Sylfens, des aliens très elfiques et plus avancés que les humains, devaient pouvoir l’éclairer sur les mystères entourant la mise sous cloche du système solaire des Primiens(*). Et donc, bien avant qu’un vaisseau humain se rende sur place pour en apprendre plus sur le même sujet et ainsi déclencher la guerre, il avait entamé un voyage sur les mystérieux chemins interdimensionnels que les Sylfens empruntent pour voyager de planète en planète. Oui, des aliens aux airs d’elfes des légendes qui voyagent entre les mondes, parlent par énigme et dont les chemins vous perdent pour des années parfois !
(*) Au début du cycle, l’enjeu principal était de savoir quelle civilisation alien avait réussi à emprisonner deux systèmes stellaires tout entiers, celui des Primiens et celui d’une autre étoile toute proche, au moyen de champs de force colossaux !
Je retiendrai de cette chasse au Dahu(*) qu’elle a été bien longue, folklorique et remplie de moult détails et aventures plus ou moins intéressants. Et que les révélations qu’elle promettait m’ont au final un poil déçu. Elles n’apportent finalement qu’assez peu à la compréhension de l’intrigue : à ce point le lecteur en sait assez sur les Primiens et le fameux complot du Judas. Au moins permettent-elles le retour d’Ozzie au milieu de l’histoire, pile-poil au moment de la bataille finale.
(*) Une chasse où l’on se perd en chemin en poursuivant un animal inexistant. Ah, le folklore des Alpes !
Démesures…
Le rythme et l’ampleur du récit ne s’essoufflent pas dans ce quatrième tome, et la guerre à mort se poursuit donc entre les humains et MatinLumièreMontagne, l’intelligence collective qui dirige les Primiens. Des dizaines de millions de gens, sur des dizaines de planètes colonisées, se retrouvent à nouveau sous les feux des aliens. Mais à l’arrière du front, pendant ce temps-là, c’est toujours la chasse aux agents de L’Arpenteur(*) cachés dans les centres du pouvoir. Une chasse aux traitres que mène Paula Myo, l’enquêtrice génétiquement programmée pour exceller dans son boulot, et dont l’acharnement maladif a désormais comme cibles les agents du Judas.
(*) “L’Arpenteur des étoiles”, en entier, même… LE Judas ! Zeus tout puissant, les noms dans cette saga, c’est juste pas possible !
Pourtant même avec la plus douée des enquêtrices, les démasquer n’est pas facile, et quand ça arrive et qu’il faut les arrêter, autant dire que là aussi Hamilton fait dans la démesure ! J’ai classé certains épisodes de cette saga dans le (post-)cyberpunk, car au niveau des personnages cybernétiquement augmentés, l’auteur y allait déjà joyeusement, mais ce n’était rien en comparaison des fameux agents. De vraies machines de guerre, aux pouvoir surhumains, bourrés d’armes et qui ne connaissent ni la peur ni la douleur. Et pas très coopératifs, on l’imagine, quand on essaie de leur passer les menottes. D’où des passages carrément cataclysmiques, qui relèguent les plus épiques scènes de combats des films de super-héros au rang d’aimables plaisanteries, les forces de l’ordre s’équipant, en réponse, d’armures robotisées bardées de lances-roquettes et autres lasers et masers. Une démesure assez jouissive à mes yeux, je l’avoue, mais quand même “overkill” !
Mad Max en Merco’
Dans cette saga, Hamilton fait crouler son lecteur sous les détails, parfois les plus anodins, histoire de rester le plus terre-à-terre, le plus réaliste possible. Un trait qui rend son univers crédible, tangible, pour le lecteur, même si c’est parfois agaçant. Une crédibilité que renforcent des aspects de notre époque qui persistent dans ce futur du XXIVè siècle : si les planètes colonisées sont connectées par des trous-de-vers, on y passe comme à travers des tunnels en train, et on fait encore étalage de sa réussite professionnelle en s’achetant la dernière Mercedes, ou une Jeep dernier cri. Les gens se gavent de burritos et de sodas dans des gargotes franchisées, et bossent comme secrétaires ou ingénieurs pour des entreprises noyées dans des empires financiers(*). Un futur mis en boite par Hollywood et sponsorisé par Coca-Cola, en somme.
(*) Le capitalisme dans sa version US-républicaine, patriarcal à souhait, irresponsable, clinquant !
Avec tout cela, difficile de s’étonner qu’une grosse partie de ce dernier tome soit occupé par des scènes de course-poursuites entre des Jeeps, des Toyotas et des camions Man. Bon, blindés, avec des mitrailleuses, des lances-grenades et des canons. Parce que. Et bourrés de soldats augmentés et de mercenaires, en combinaison de guerre et plus armés qu’un porte-avion. Normal. Forcément haletant, l’auteur connaissant son boulot, j’ai trouvé que ce gros morceau narratif éclipsait tout de même un peu trop certains personnages intéressants. Cela dit, au vu des contraintes qu’Hamilton semble s’être imposé, difficile de faire son difficile 😉
Clore un opéra
Fourmillant d’actions, de détails, mais loin d’être foutraque, ce dernier tome révèle en fait l’ampleur du plan mis en place par Hamilton. On retrouve ainsi dans ce final l’ensemble des personnages qui étaient là aux débuts des événements, les héros presque déclarés comme tels par l’auteur dans sa liste(*) de protagonistes, comme dans une sorte de miroir narratif. L’auteur boucle son histoire de manière impressionnante avec un retour aux premiers lieux et décors de l’intrigue, et une utilisation futée de certains détails évoqués lors des premières scènes et qui semblaient jusqu’ici inutiles.
(*) Tel un opéra ou une pièce de théâtre, chaque tome s’ouvre sur une liste de cinq pages donnant les noms et rôles des personnages : un Dramatis Personae. Plus qu’utile, je vous le jure !
Mais attention tout de même, qu’on ne s’y trompe pas : ça ne se calme pas au niveau de l’inventivité et du foutraquisme jusqu’à la dernière ligne. L’auteur semble en effet incapable de ne pas rajouter à cette fresque, déjà surchargée, l’amorce de nouvelles intrigues tout autant que de nouveaux détails complètement what-the-fuck(*), dont on aurait pu se passer !
(*) Sans trop spoiler, mettons qu’on avait pas encore eu de moments Jurassic Park jusqu’à ce tome. Un oubli réparé.
Au final…
Il manquait peut-être quelque petites choses à cette fin pour me satisfaire totalement : un manque de scènes du point de vue de MatinLumièreMontagne ; les promesses à moitié tenues des révélations de la quête d’Ozzie ; ces concepts ou ces personnages arrivés tardivement et pas assez exploités. Mais pour autant, même si je fais la fine bouche au moment de l’analyse, j’avoue avoir pris mon pied lors de cette lecture, malgré quelques moments un peu lents au milieu de tous ces rebondissements pétaradants !
Recommandé ? Si vous avez dépassé le premier tome et que vous vous demandez s’il faut continuer, sachez que la réponse est “oui” : c’est le tome final d’une sacrée épopée et, arrivé à la fin, on ne se sent pas floué ! Abordable ? Si jusque là vous avez tenu le coup, ça reste de la même trempe, de la SF visuelle aux airs familiers, et ça ne change pas au niveau de l’accumulation des détails et des idées de dingues !
Fiche JKB
Titre original :
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